Étude d’observation des relations entre les proies pélagiques et les prédateurs supérieurs

Afin de compléter l’étude sur les réseaux trophiques, les membres du GIS Éolien en Mer ont demandé au consortium en charge de l’étude de développer un volet spécifique sur les relations entre les proies pélagiques et les prédateurs supérieurs.

Contexte de l’étude

L’objectif de l’étude sur les réseaux trophiques est de caractériser et de quantifier le fonctionnement du réseau trophique local avant la construction du parc éolien en mer de Dieppe Le Tréport. L’approche repose sur la réalisation d’un état « zéro » selon une approche BACI (Before After Control Impact). Le projet se déroule en parallèle des suivis réglementaires réalisés pour l’état de référence du parc, et s’appuie au maximum sur les données acquises dans ce contexte.

Des analyses isotopiques du carbone et de l’azote sont ainsi réalisées sur l’ensemble des compartiments identifiés afin de documenter les niveaux et relations trophiques des différentes espèces présentes dans la zone d’étude. In fine, l’objectif est d’alimenter un modèle numérique écosystémique dans le cadre d’une thèse à l’horizon 2024.

La prise en compte des compartiments supérieurs (oiseaux et mammifères marins) à partir de données autres que bibliographiques est une avancée majeure dans ce type d’approche de modélisation. Des analyses isotopiques ont ainsi pu être réalisées sur des échantillons d’animaux échoués (mammifères et oiseaux marins) via l’intermédiaire du Réseau National Echouage (RNE) et Réseau National Oiseaux Marins (RESOM), ainsi que sur des poussins échantillonnés sur les colonies du secteur dans le cadre de la DCSMM. Ces résultats, en cours d’analyse, apporteront des éléments importants sur l’écologie alimentaire et les niveaux trophiques des principales espèces de Manche Est.

Pour obtenir la vision la plus complète possible du fonctionnement de l’écosystème, un manque a été identifié parmi les compartiments échantillonnés sur la zone : les poissons pélagiques (figure 1).

Figure 1 : Compartiments échantillonnés dans le cadre de l’étude des Réseaux Trophiques

Si, dans un premier temps, des données issues de la littérature ont été utilisées pour pallier ce manque, les premiers résultats d’analyses isotopiques de mégafaune montrent peu de correspondance avec ces données bibliographiques.

Dans l’optique de compléter les informations sur ce maillon essentiel et afin de mieux documenter les relations entre les proies et les prédateurs, un volet supplémentaire au projet Réseaux Trophiques, centré sur ces compartiments, a été mis en place.

Objectifs

Si l’objectif de ce projet n’est pas d’investiguer la distribution des proies et des prédateurs (traitée dans les suivis réglementaires), il apparaît en revanche opportun d’utiliser les campagnes d’échantillonnages des poissons pélagiques pour réaliser des observations du comportement de la mégafaune marine et approfondir notre compréhension des relations trophiques de la zone.

L’objectif de cette phase complémentaire est donc d’approfondir les études menées dans le projet Réseaux Trophiques en se focalisant sur les poissons pélagiques et la mégafaune marine. Il s’agira ainsi de mener des campagnes en mer d’échantillonnage et d’observation proies-prédateurs, avec un double objectif :

Il s’agira ainsi de (1) compléter les informations sur les réseaux trophiques locaux via l’intégration de données isotopiques sur les poissons pélagiques et de réaliser des analyses de contenus stomacaux afin de quantifier les flux ; (2) vérifier et approfondir les informations obtenues dans la littérature et les premiers résultats d’analyses isotopiques sur les espèces chassées par la mégafaune marine du secteur.

Pour ce faire, des campagnes de pêche au chalut pélagiques de 3 jours chacune seront opérées dans la future zone de parc éolien et ses abords. Les espèces ciblées seront les poissons pélagiques tels que l’orphie, le hareng, le sprat, le maquereau, l’anchois, la sardine, le chinchard et les lançons (espèces identifiées sur les campagnes de pêche suivi réglementaire).

Figure 2 : Un mini chalut pélagique de 1,7×1,7 mètres sera employé. La maille terminale du chalut sera de 6mm (de côté) permettant de capturer les plus petites espèces comme les lançons, les sprats ou les anchois.

Des spécialistes de la CSLN seront à bord pour identifier les espèces pêchées et réaliser des prélèvements en vue d’analyses isotopiques et contenus stomacaux.

Des spécialistes de Cohabys seront à bord pour réaliser des observations de mégafaune marine et identifier les comportements des oiseaux et mammifères sur les zones de chasse.

Des pêches pélagiques seront ainsi opérées sur les zones de chasse de la mégafaune marine du secteur, notamment via les repérages réalisés par les observateurs dédiés, et des observations de comportements menées.

Figure 3 : Dauphins communs en chasse (photo : Ludivine Martinez)

Les données ainsi collectées (observations, ratio isotopiques et contenus stomacaux) seront croisées aux résultats déjà obtenus pour les différents compartiments dans le projet Réseaux Trophiques (données isotopiques), mais également aux autres données existantes sur la zone : littérature scientifique, recensements nationaux, résultats de distribution et d’abondance issues des états initiaux et de références…